La Camargue

La Camargue est une vaste étendue située entre deux bras du delta du Rhône où il se jette dans la mer Méditerranée. La zone a été façonnée par l’homme durant des millénaires et tout un réseau de digues et de canaux ont créé une mosaïque d’étangs d’eau salée et de marais d’eau douce.

Géographiquement, la Camargue est le plus grand delta d’Europe occidentale et abrite une importante diversité d’oiseaux. En tant que telle, la Camargue est désignée comme un site Ramsar, une zone humide d’importance internationale, une réserve de biosphère par l’UNESCO et une Zone importante pour la conservation des oiseaux par Birdlife International.

Marais salant

Étang d’eau douce

Culturellement, la région est célèbre pour sa production de riz, de sel et pour les taureaux et chevaux de Camargue, qui paissent en semi-liberté et contribuent à maintenir l’habitat humide.

Le cheval Camargue avec un Héron garde-bœufs (Bubulcus ibis)

Le taureau de Camargue

La partie nord de la Camargue est fortement influencée par l’eau douce. Il y a de nombreux bassins entourés de denses roselières et d’arbres isolés. Ce sont des habitats excellents pour les hérons et les aigrettes, ainsi que certains visiteurs d’été comme le Héron crabier et le Héron bihoreau (Nycticorax nycticorax).

Passerelle dans l’étang de Scamandre

Crabier chevelu (Ardeola ralloides)

La Cistude d’Europe peut être observée dans ces bassins d’eau douce. Cette espèce de tortue est celle dont la répartition s’étend le plus vers le nord, mais en France, sa population est en déclin. Elle souffre de la compétition avec l’introduite Tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) et a été classée comme « Quasi menacée » par l’UICN.

La Cistude (Emys orbicularis)

Plus au sud, l’influence de la mer est forte et la production de sel est toujours bien visible comme au Salin-de-Giraud. La création de bassins peu profonds pour l’extraction du sel a conduit à un environnement saumâtre avec sa flore et faune associées. Les microorganismes habitant ces bassins incluent des algues et halobacteries, qui sont responsables de la couleur rouge vive de l’eau. Plus haut dans la chaine alimentaire se trouve l’ Artémie , qui est une crevette miniature.

Étang saumâtre rouge

Cette dernière contribue à nourrir les milliers de flamants roses qui se reproduisent en Camargue et est responsable de leur coloration rosée grâce aux caroténoïdes.

Flamants roses (Phoenicopterus roseus)

La Camargue, habitat idéal pour la reproduction de nombreux oiseaux, est également utilisée par de nombreux hivernants ainsi que par les oiseaux de passage qui traversent la région lors de leur migration vers les zones d’hivernage en Afrique. C’est un arrêt important pour ces migrateurs afin qu’ils puissent remplir leurs réserves avant de continuer leur route à travers la Méditerranée.

Etudiante observant les flamants

Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus)

Spatule blanche (Platalea leucorodia)

De nombreuses espèces de limicole peuvent être observées en Camargue, comme celles qui vont se reproduire ici (par exemple l’Echasse blanche), ou celles qui vont passer l’hiver ici (par exemple la Bécassine des marais) ou encore celles de passage comme la Barge à queue noire ou le Combattant varié. Une visite au début de l’automne permet d’observer beaucoup d’espèces grâce au « chassé-croisé » des migrateurs, des estivants et des hivernants.

L'Échasse blanche (Himantopus himantopus)

Bécassine des marais (Gallinago gallinago)

Combattant varié (Calidris pugnax)

En plus de sa diversité en oiseaux, la Camargue est aussi connue pour héberger une espèce invasive de taille : le Ragondin. Originaire d’Amérique du sud et légèrement plus petit que le castor, ce mammifère avec une longue et fine queue a été introduit en Europe pour sa fourrure au 19ème siècle. Bien qu’il ne soit plus élevé dans ce but, des échappés (volontairement ou accidentels) sont à l’origine de la population actuelle bien établie. Ils peuvent poser des problèmes notamment à cause de leurs terriers creusés dans les digues ou en se nourrissant de nombreuses espèces de plantes terrestres et aquatiques.

Ragondin (Myocastor coypu)

La Camargue représente donc un lieu très intéressant à visiter pour tous ceux qui ont un intérêt dans les sciences naturelles. Les conflits entre les espèces natives et les espèces introduites et l’influence des activités humaines s’entremêlent avec la faune et la flore de la région. Sans l’exploitation historique du sel et la production de riz, les bassins avec des degrés de salinité différents n’existeraient pas tels qu’ils sont. Le pâturage par les chevaux et le bétail favorise également la biodiversité de la région.